Le Blond Ambition de Slam : l’histoire inédite du danseur iconique de Madonna

Rédigé le Vendredi 6 Juin 2025 à 20:55 | Lu 2589 fois


Il y a des images qu’on n’oublie jamais.

Et pour nous — fans de la première heure — In Bed with Madonna (alias Truth or Dare) n’était pas juste un documentaire.
C’était une révélation. Un choc culturel. Un moment de vérité. Un miroir tendu à une génération encore en quête d’elle-même.

Parmi les danseurs qui nous ont fait rêver, Slam se détachait : magnétique, gracieux, résolument différent.
Il est devenu inoubliable pour beaucoup d’entre nous.

35 ans plus tard, alors que In Bed with Madonna sort enfin en Blu-ray en France, le moment semble idéal pour revenir en arrière.
Pour rendre hommage. Pour dire merci. Et peut-être, pour se reconnecter à cette époque puissante où nous commencions à découvrir qui nous étions vraiment.


NÉ POUR BOUGER

Tu as ce besoin viscéral de bouger, de créer, de t’exprimer à travers ton corps. Qu’est-ce qui t’a inspiré à suivre cette voie ? Tes racines ont-elles influencé ton style artistique ?

J’ai toujours voulu être danseur, j’adorais le mouvement. Enfant, je n’arrêtais pas de me balancer, de bouger dans toute la maison. Ça rendait ma mère folle. Au départ, je voulais être coiffeur (pauvres clients, j’aurais été terrible !), puis je voulais être gymnaste… mais gymnaste féminine (les trucs pour garçons avec les anneaux, le cheval, les barres, tout ça, ce n’était vraiment pas mon truc). Et un jour, la danse est arrivée… et j’en suis immédiatement tombé amoureux. Le reste appartient à l’histoire. Quant à mes racines, elles sont un peu partout. J’ai vécu à New York pendant plus de la moitié de ma vie, alors c’est difficile pour moi de les définir.


Tu as dit un jour : « Pour moi, être danseur, c’est tout. » La danse a-t-elle littéralement sauvé ta vie ?
Oui, ABSOLUMENT. Je dis toujours : « La danse guérit tout. » Si plus de gens dansaient, le monde serait bien plus heureux.

BLOND AMBITION

On peut seulement imaginer ce que ça devait être — faire partie de cette tournée folle, de ce documentaire culte, entouré de danseurs talentueux, tous portés par l’énergie de Madonna.
Il y avait cette chorégraphie d’ouverture du Blond Ambition Tour, sur Express Yourself, avec Madonna. Peux-tu nous replonger dans ce moment ?

C’était incroyablement puissant d’entendre des milliers de cris, de voir cette énorme scène se transformer en machine industrielle… C’était un véritable rush d’adrénaline à chaque show. Je me souviens toujours de Madonna et Christopher se parlant, et d’elle sautillant pour se réchauffer avant de monter sur la plateforme. Sans parler du fait que j’étais littéralement son « boy toy » sur scène, et que tous les regards étaient tournés vers nous dès les premières secondes !


Vogue est souvent cité comme un moment culturel fort. Mais dans ton corps, ta chair — que ressentais-tu en tournant cette scène ? Tu t’en souviens physiquement ?

Bien sûr ! Je me rappelle avoir tourné mes gros plans avec le génial David Fincher, ça a duré 15 minutes, j’étais genre : Quoi, c’est tout ?! Comme tous les danseurs, je voulais danser plus, mais quand j’ai vu le résultat final, j’ai halluciné. C’était une œuvre d’art. Intemporelle.


Quelle a été la partie la plus difficile de la tournée — physiquement ou émotionnellement ?

Émotionnellement. Je savais que ça ne durerait pas. Dès que ça a commencé, j’ai commencé à compter les jours à rebours, car je savais qu’un jour ou l’autre, la bulle éclaterait. Physiquement ? On était jeunes, affamés, en pleine forme. Avec une foule qui crie et danse avec la Reine elle-même… on est au paradis !


Quand les caméras vous suivaient partout pour le documentaire, vous doutiez-vous que des millions de gens vous verraient plus tard depuis leur salon ?
Pas du tout ! On nous avait dit que c’était juste des images des coulisses. Alors on était simplement nous-mêmes !

Avez-vous eu conscience à l’époque que vous faisiez l’histoire ? Que ce documentaire allait inspirer toute une génération ?
Non, pas du tout. On était juste de jeunes mecs vivant leur vie, sans se soucier de ce que pensaient les gens. Personne ne savait que cela deviendrait un mouvement culturel à part entière. Il n’y avait pas de réseaux sociaux à l’époque… et pourtant, on criait haut et fort ! Le baiser a tout changé. On en parle encore aujourd’hui. Et on n’était que des danseurs… pas des acteurs.

Si tu devais résumer l’impact de Madonna sur ta vie en un seul mot ?
Survivant

Tu penses qu’elle a conscience de l’impact qu’elle a eu sur vous tous ?
J’espère. J’espère qu’elle se souvient de nous !

Aurais-tu aimé retravailler avec elle après le Blond Ambition Tour ? Ou était-ce un moment parfait qu'il valait mieux ne pas toucher ?
Bien sûr que j’aurais aimé ! Qui ne le voudrait pas ? Mais mon chemin a pris une autre direction. C’était le moment parfait. Mieux valait le laisser intact, comme tu le dis.

BELGIUM STRESS

"Belgium Stress" est devenu une expression culte dans la culture queer ! Tu pensais que ce moment deviendrait un mème intemporel ? (Elle a même été cité récemment par le chorégraphe belge Damien Jalet !)

Jamais je n’aurais imaginé un tel impact culturel ! Justin Teodoro a même fait un t-shirt avec mon sketch et la phrase en 2016 lors de la sortie de Strike a Pose, lol ! Quand j’ai vu ça pour la première fois, je détestais ! C’est fou comme les choses qu’on déteste chez soi deviennent parfois des punchlines cultes ! Et Damien Jalet… quel talent ! « Belgians do it better»



STRIKE A POSE & BRISER LE SILENCE

Tu as dit : « J’espère que Strike a Pose fera pour le VIH ce que Truth or Dare a fait pour l’homosexualité. » As-tu perçu un changement depuis la sortie du film ?
Je pense que certaines personnes ont pris conscience ou ont pu s’y reconnaître, mais je ne vois pas de changement majeur.

Quand tu vois de jeunes artistes parler ouvertement de leur statut VIH aujourd’hui, te dis-tu : “mission accomplie” ? Ou y a-t-il encore trop de silence ?
Faire son coming out VIH publiquement, ce n’est pas pour tout le monde, et je comprends totalement. Mais oui, il y a encore beaucoup trop de silence. On vit toujours dans une société très jugeante. Mais je suis heureux d’avoir pu inspirer encore plus de gens en racontant mon histoire.

PARLE MOINS, DANSE PLUS

Si tu pouvais transmettre un seul conseil aux jeunes danseurs LGBTQ+ aujourd’hui, ce serait quoi ?
Parle moins, danse plus. (Ce conseil vaut pour tous les danseurs, d’ailleurs.)

TROUVER MA PROPRE VOIX

Aujourd’hui, tu enseignes la danse avec une approche méditative, presque spirituelle. Madonna a-t-elle influencé ce lien corps-esprit dans ta pratique artistique ?
Non. J’ai trouvé ma propre voie spirituelle à travers mes expériences de vie et en grandissant.

MADONNA, TOUJOURS


Tu as connu Madonna à une époque où elle brisait toutes les frontières. Elle crée toujours, elle tourne, elle s’engage. Comment vois-tu son parcours artistique aujourd’hui ? Suis-tu toujours ce qu’elle fait ?
Oui, bien sûr. Je suis toujours son parcours artistique. Elle continue à innover et à se réinventer.

As-tu vu ses récents shows ? Que ressens-tu en la voyant toujours sur scène, toujours aussi engagée ?

Oui, mais pas en live. Je suis heureux de la voir faire ce qu’elle aime. Et puis… on était presque tous sur scène avec elle, avec ces projections géantes de nous dans le Celebration Tour (le baiser, Vogue…). Je me suis senti comme en tournée à nouveau — virtuellement, hahaha !


JE VAIS TE DIRE UN SECRET

Tu as parlé de cette époque avec tant d’honnêteté, d’émotion, d’humour. Mais si tu devais partager un souvenir, un moment avec Madonna — quelque chose que tu n’as jamais vraiment dit, et que tu voudrais offrir aux fans français aujourd’hui… ce serait quoi ?
Tellement de beaux souvenirs partagés sur scène… Jouer Dick Tracy était tellement fun, on avait une connexion spéciale, très privée, ce qui la rendait encore plus précieuse. Elle est incroyable. Et mon moment préféré ? Jouer le numéro de Dick Tracy en français pour le concert de Nice : « C’est ma bite… ma bite est très dure aussi, il est beau, oui ? » (Corrigez mon français, je suis sûr qu’il est faux !)


CHANSONS DE MADONNA

Une chanson de Madonna que tu écoutes encore aujourd’hui ?
Bedtime Story 

Et si tu devais chorégraphier un hommage à ta propre vie, avec une chanson de Madonna… ce serait laquelle, et pourquoi ?
Over and Over — Car mon parcours m’a emmené dans tellement d’endroits inattendus et incroyables!


ET APRES ?

En plus de tes cours à l’Impulstanz Dance Festival de Vienne cet été, que fais-tu en ce moment ?

Je coanime un podcast qui s’appelle “The Alphabet Mafia ”, qui célèbre la vie queer, la culture, les actualités dans et hors de la communauté, avec beaucoup de rires ! On a récemment interviewé Niki, Donna, Oliver, Sue Trupin, Cheyenne Jackson, Allison Wright, Ashley Longshore et la star olympique française Gabriella Papadakis. Un nouvel épisode chaque vendredi sur Apple Podcast, iHeart Music, Amazon Music, Spotify, YouTube et Instagram


MERCI BEAUCOUP

Nous voulions juste te dire MERCI Salim. Pas seulement pour la danse — mais pour ce que tu représentes. Tu es entré dans nos vies pour quelques scènes, quelques pas… et tu n’en es jamais vraiment sorti. Ton parcours est celui d’un survivant, d’un artiste, d’un cœur géant.
Tu as laissé une empreinte indélébile sur notre culture, sur notre mémoire queer de fans. Et à travers cette interview, nous voulions te célébrer — comme nous célébrons Madonna, les autres danseurs, et tous ceux qui continuent de vivre avec passion, de briser les codes et de danser pour exister.
Avec tout notre amour.
Merci Beaucoup, Je suis très heureux. Xo Slam

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