Interview Vogue parties 1 et 2 + making of

Rédigé le Mercredi 1 Aout 2018 à 14:10 | Lu 4982 fois


Nous avons pu découvrir ce matin l'interview qu'a donnée Madonna à Vogue Italia. Voici la 1ère partie, en français...


​Xerxes Cook: Alors, qu’est-ce qui vous a poussé à quitter New York?

Madonna: "le football. Mon fils David, qui va avoir 13 ans le 24 septembre, veut depuis des années jouer au football au niveau professionnel. J'ai voulu à tout prix le faire entrer dans les meilleurs centres de formations avec les meilleurs entraîneurs, mais le niveau de football aux États-Unis est beaucoup plus bas que dans le reste du monde. J’ai vu sa frustration, et j’ai aussi pensé que c’était le bon moment. J’ai senti que nous avions besoin de changement, et je voulais quitter l’Amérique quelques temps – comme vous le savez, l’Amérique ne vit pas ses meilleures heures – non pas que quitter l’Amérique fasse la différence ou change quoique ce soit. J’ai vécu à d’autres endroits; J’ai habité à Londres pendant 10 ans. J’aime me mettre dans des situations peu confortables et prendre des risques."


 

XC: Pourquoi avoir choisi Lisbonne ?

M: "En fait le choix s'est fait entre trois villes différentes où il y avait des centres de formations. Et je me suis dit, voyons si je peux vivre ailleurs pendant un an et mettre mes plus jeunes enfants dans un autre environnement, je pense que c’est aussi important de les exposer à différentes cultures et de vivre dans des endroits différents. Le choix était entre Turin, Barcelone et Lisbonne. Je suis allée dans ces villes et j’ai essayé de m’imaginer y vivre. Bien sur, Barcelone est une ville super fun, et j’aime aussi Turin, mais Turin n’est pas une ville pour les enfants. C’est une ville pour les intellectuels, ils ont des musées incroyables et de magnifiques maisons, mais je me suis dit que ça ne serait pas amusant pour eux. J’ai du prendre tout le monde en considération, pas seulement la qualité du centre de formation pour David. Je suis alors allée à Lisbonne et ça a semblé être le meilleur choix. La première chose que j’ai faite c’est de me rendre à Sintra, une forêt magique dans laquelle il y a beaucoup d’énergie mystique."



 

XC: Quels sont les atouts de Lisbonne ?

M: "Je crois que le Portugal est le plus vieux pays d’Europe. Il est enraciné dans l’histoire, et l’empire portugais est parti à la conquête du monde. L’architecture est extraordinaire. C’est aussi là qu'st né l’esclavage du coup il y a des influences musicales qui viennent de l’Angola et du Cap Vert, et aussi d’Espagne. Et puis par dessus tout, une des choses que je préfère faire au monde c’est de monter à cheval."

XC: Vivez-vous dans la ville ou dans la campagne environnante?

M: "Je vis à Lisbonne, à Lapa, mais quand je veux monter à cheval, je vais à Comporta, je vais chez des amis, je vais à Alcácer. Il y a beaucoup d'endroits à l'extérieur de Lisbonne propices à faire du cheval. Chaque fois que mon fils n'a pas de match de football le dimanche, alors on choisit un endroit pour monter à cheval et on part à l'aventure."

XC: Vous avez mentionné que vous aimez vous fixer des défis. En 1979, vous avez quitté le Michigan pour New York avec seulement 35 $ en poche. Alors, cette fois-ci, quel genre de difficultés avez-vous rencontrées en tant que mère célibataire déménageant dans une ville étrangère avec quatre enfants?

M: "C'est un genre différent de défi. Quand j'ai déménagé à New York, c'était juste pour moi, pour prendre soin de l'enfant que j'étais encore à l'intérieur de moi. Aujourd'hui je suis toujours en mode survie, mais maintenant j'ai quatre enfants plus jeunes à élever, je dois m'occuper de leur éducation, prendre soin d'eux et m'assurer qu'ils sont heureux. Lisbonne est une ville ancienne et personne n'est pressé de faire les choses. Vous pouvez avoir toutes les notions romantiques que vous voulez, mais une fois que vous êtes dans une maison et votre personnel ne se présente pas et le tuyau commence à fuir et vous ne parlez pas la langue, tout d'un coup vous vous dites "Mais qu'est-ce que je fais là !" [rires]."

XC: Les gens ont un équilibre travail-vie privée plus sain à Lisbonne qu'à New York ou à Londres ?

M: Toute femme qui est une maman de joueur de foot vous dirait que ça veut dire de ne plus avoir de vie, parce que les choses changent d'une semaine à l'autre et les matchs changent d'un week-end à l'autre - parfois ils sont en ville, parfois non. On est souvent prévenus à la dernière minute alors Il est impossible de faire des plans, après j'ai l'impression de ne pas être juste envers mes autres enfants ou simplement envers moi! Il y a une coté décontracté à Lisbonne, mais aussi une aura de mélancolie, c'est ainsi que le fado est né là-bas. Il y a un côté romantique à cela - et un côté créatif et artistique - et cela donne naissance à beaucoup de belles musiques mais aussi à d'autres formes d'art. Paula Rego est l'une de mes peintres préférées dans le monde - il y a beaucoup de chagrin et de douleur dans ses peintures. C'est un paradoxe, et j'ai vécu ce paradoxe tous les jours. Certains jours, je voulais que les choses soient simplement pratiques; Je voulais que les choses aillent comme je l'entendais, pour que ce soit facile, que les gens se présentent à l'heure - j'avais beaucoup de frustrations, mais c'était toujours contrebalancé par le fait de pouvoir apprécier la créativité.

XC: Comment Lisbonne vous a-t-elle inspirée musicalement parlant ?

M: Je dis toujours que les trois F régissent le Portugal: le Fado, le Football et Fatima. C'est aussi un pays très catholique, ce qui me convient très bien. ça me rappelle Cuba en ce sens que les gens possèdent peu, mais vous pouvez pousser la porte de n'importe quelle maison, à tous les coins de rues vous entendrez toujours de la musique. Dans Alfama, vous entendrez des gens chanter et jouer de la musique fado partout. Il y a ces sessions hebdomadaires appelées "sessions de salon" qui se déroulent dans de magnifiques maisons qui ont 500 ans, vous montez les marches de marbre éclairées à la bougies, puis vous entrez dans le salon, lui aussi éclairé avec des bougies, et il y a cet enchaînement de  performances intimistes avec des acteurs, des chanteurs, certains récitent de la poésie. C'est comme un salon. quelque chose qui n'existe plus vraiment à part ici - ailleurs les gens diraient, "Appelez mon manager, voila ce que je demande comme cachet." Je suis sûr qu'à Lisbonne, les gens feraient ces shows même s'ils n'étaient pas payés, ils les feraient juste pour l'amour de ce qu'ils font, et pour moi, c'est respectable et inspirant. J'essaie de présenter cela à mes amis qui me rendent visite, car toutes les nuits, vous recevez un appel téléphonique disant que ces musiciens jouent dans telle ou telle maison, que ça commence à 23 heures - tout se passe tard à Lisbonne. Parfois il y a à manger, d'autres fois seulement à boire. Très souvent, toutes les portes sont ouvertes et selon l'endroit où vous êtes, vous avez une vue dégagée de l'autre côté du Tage jusqu'à l'océan Atlantique. Parfois il y a des gitans qui dansent le flamenco, souvent il y a des gens qui ont connu Cesária Évora et  qui jouent sa musique. Vous entendrez toujours beaucoup de fado et beaucoup de musique kuduro en provenance d'Angola. Beaucoup de jazz aussi - old school jazz, ce qui est plutôt cool.
J'ai rencontré des musiciens vraiment incroyables, et j'ai fini par travailler avec beaucoup d'entre eux sur mon nouveau disque, donc oui Lisbonne a influencé ma musique et mon travail. Comment aurait-il pu en être autrement? Comment aurais-je pu passer une année ici sans être conditionnée par toute la culture qui m'entoure?"

 

XC: Voila une palette de couleurs immense pour peindre votre nouveau tableau !

M: Oui, énorme! C'est aussi un bon antidote à ce qui se passe dans le monde de la musique actuel, où tout est si stéréotypé, et chaque chanson a 20 artistes en guests, et tout le monde a le même son. Il faut que ça change !

XC: La vie à New York parait-elle un peu claustrophobe par rapport à Lisbonne?

M: "De temps en temps, quelqu'un me demande une photo ou un autographe, mais je me suis beaucoup déplacé et en général on me laisse tranquille. New York est une ville géante. Quand vous allez à New York, vous avez l'impression d'être au centre de l'univers, aussi artificiel que cela puisse paraître. New York, c'est comme fumer du crack. Mais c'est aussi vivant, c'est la ville où j'ai grandi et me suis fait les dents - mais c'était aussi une époque différente; il y avait la scène artistique, la scène musicale... Tout était si différent avant les iPhones....

A suivre....

Vogue Italia le making of




Dans la même rubrique :